Hospitalisation des enfants et adolescents au Luxembourg

18.12.2025

Une analyse de la Patiente Vertriedung du rapport Eng gesond Zukunft met en lumière les enjeux de prévention, d’ambulatoire et d’anticipation des capacités du point de vue des droits des patients.



Le supplément du rapport Eng gesond Zukunft, publié par l’Observatoire national de la santé, dresse un état des lieux détaillé de l’hospitalisation des enfants et adolescents au Luxembourg entre 2018 et 2022.
S’il confirme la qualité globale du système hospitalier pédiatrique, il met également en évidence des déséquilibres structurels, des tensions prévisibles et des axes d’amélioration essentiels du point de vue des droits des patients.

Pour la Patiente Vertriedung, ces constats doivent nourrir une réflexion politique et sociétale centrée sur l’intérêt de l’enfant, la prévention et l’accessibilité équitable aux soins.

Une hospitalisation concentrée à des moments clés de la vie

Le rapport montre que l’hospitalisation pédiatrique n’est pas répartie de manière homogène selon l’âge. Deux périodes concentrent l’essentiel des séjours et des journées d’hospitalisation :

  • La première année de vie, qui représente à elle seule plus d’un tiers des séjours stationnaires et près de la moitié des journées d’hospitalisation.
  • L’adolescence, qui constitue le second pic, avec une charge hospitalière élevée, notamment en lien avec la santé mentale.

Cette concentration interroge la capacité du système à anticiper les besoins spécifiques de ces tranches d’âge et à proposer des alternatives adaptées à l’hospitalisation classique.

Des hospitalisations largement liées à des affections respiratoires évitables

Chez les nourrissons et les jeunes enfants, les affections respiratoires constituent le premier motif d’hospitalisation stationnaire. Une part importante de ces séjours est liée au virus respiratoire syncytial (VRS), particulièrement chez les enfants de moins d’un an.

Pour la Patiente Vertriedung, cette réalité pose une question centrale :

Pourquoi des pathologies largement prévisibles et partiellement évitables continuent-elles à saturer les services hospitaliers ?

Une politique de santé publique centrée sur la prévention — vaccination, information des parents, prise en charge précoce en ambulatoire — permettrait non seulement de réduire la pression sur les hôpitaux, mais aussi d’éviter à de nombreuses familles des hospitalisations lourdes et anxiogènes.

Un retard dans le développement réel de l’ambulatoire pédiatrique

Le rapport souligne que certaines interventions chirurgicales courantes, notamment les interventions ORL chez l’enfant, sont encore trop souvent réalisées en hospitalisation stationnaire.
Le taux de prise en charge ambulatoire reste inférieur à celui observé dans plusieurs pays européens comparables.

Du point de vue des patients, ce constat est préoccupant :

  • l’hospitalisation stationnaire n’est pas neutre pour un enfant,
  • elle implique une rupture du cadre familial et scolaire,
  • elle augmente la pression sur les capacités hospitalières.

La Patiente Vertriedung plaide pour un développement maîtrisé mais résolu de l’ambulatoire pédiatrique, avec des critères clairs, une information complète des parents et une sécurité maximale pour les enfants.

Santé mentale des adolescents : un signal d’alarme

Le rapport confirme que les troubles de la santé mentale constituent l’un des principaux motifs d’hospitalisation stationnaire chez les adolescents.
Cette réalité traduit à la fois une souffrance croissante et un manque d’alternatives suffisantes en amont.

L’hospitalisation psychiatrique peut être nécessaire, mais elle ne doit jamais devenir la seule réponse disponible.
Les patients et leurs familles ont besoin de parcours de soins continus, incluant des structures intermédiaires, un suivi ambulatoire renforcé et une coordination efficace après la sortie.

Les droits de l’enfant hospitalisé au cœur des choix à venir

La loi hospitalière et les textes européens rappellent que l’enfant hospitalisé a droit à :

  • un environnement adapté à son âge,
  • un personnel formé à ses besoins spécifiques,
  • des conditions respectueuses de son développement et de son bien-être.

La saturation des lits, la centralisation extrême de certaines prises en charge et le manque d’alternatives fragilisent ces droits.

Pour la Patiente Vertriedung, il est essentiel que les décisions futures en matière d’organisation hospitalière intègrent explicitement la voix des patients et des familles, et placent l’intérêt de l’enfant au centre.

Conclusion – Prévenir, anticiper, adapter

Ce rapport constitue un outil précieux. Mais les chiffres, à eux seuls, ne suffisent pas.
Ils doivent être suivis d’actions concrètes.

La Patiente Vertriedung appelle à :

  • renforcer la prévention pour réduire les hospitalisations évitables,
  • développer l’ambulatoire pédiatrique de manière sécurisée,
  • anticiper les pics saisonniers plutôt que les subir,
  • investir dans des alternatives à l’hospitalisation pour les adolescents, notamment en santé mentale.