Qu’est-ce que la médecine à deux vitesses – et pourquoi elle est dangereuse
13.11.2025
De plus en plus souvent, on parle au Luxembourg et dans d’autres pays européens d’une médecine à deux vitesses. Ce terme désigne un système de santé dans lequel tous les patients n’ont pas le même accès aux soins médicaux. La qualité ou la rapidité des soins dépend alors de la capacité financière de chacun.
Deux catégories de patients
Dans un système de santé solidaire, chaque personne devrait avoir les mêmes droits d’accès aux soins, quel que soit son revenu.
Mais dans la réalité, une division se dessine :
- Les personnes qui peuvent payer des prestations supplémentaires – par exemple une assurance privée, un supplément pour convenance personnelle (CP) ou une chambre individuelle à l’hôpital – bénéficient souvent de soins plus rapides ou plus confortables.
- Celles qui dépendent uniquement de la Caisse nationale de santé (CNS) doivent souvent attendre plus longtemps ou renoncer à certains services, faute de moyens.
Pourquoi cette situation apparaît-elle ?
Les causes sont multiples.
D’un côté, les médecins et les hôpitaux sont soumis à une pression économique croissante. Les suppléments d’honoraires privés deviennent alors un moyen de compenser ce manque à gagner.
De l’autre, certains patients demandent eux-mêmes des conditions particulières : un rendez-vous à une heure précise, une consultation immédiate ou un séjour en chambre privée.
Peu à peu, cela crée un système où l’argent influence l’accès aux soins.
Les dangers de la médecine à deux vitesses
La médecine à deux vitesses ne concerne pas seulement le portefeuille : elle met en danger la solidarité et la confiance dans tout le système de santé.
- Les inégalités augmentent : les personnes aisées obtiennent de meilleurs soins, tandis que d’autres attendent ou renoncent à se faire soigner.
- La confiance se perd : les patients se sentent désavantagés et doutent de l’équité du système.
- Le système public s’affaiblit : si les médecins réservent plus de temps aux patients privés, les autres ont plus de mal à obtenir un rendez-vous.
- La santé devient une marchandise : or, les soins de santé ne sont pas un luxe, mais un droit fondamental.
Comment agir ?
- Transparence : les médecins doivent informer clairement lorsque certaines prestations ne sont pas remboursées par la CNS.
- Égalité de traitement : aucun patient ne doit être défavorisé pour des raisons financières.
- Responsabilité politique : il est essentiel que les autorités garantissent un système de santé solidaire et équitable.
- Information et accompagnement : des organisations comme la Patiente Vertriedung (#PVL) aident les patients à connaître leurs droits et à signaler les injustices.
La médecine à deux vitesses menace la base même d’un système de santé solidaire.
L’accès aux soins ne doit pas dépendre de l’argent, mais rester égal pour tous, dans le respect de la dignité et de la justice sociale.